"L'intelligence est programmée pour la création du différent." de Francesco Alberoni. Extrait de L'Amitié.
Dys et EIP (enfants intellectuellement précoces).
Peut-être certains d’entre vous se demanderont-ils ce que viennent faire les enfants EIP sur ce site dédié aux enfants atteints de troubles des apprentissages ? Et pourtant ...
C’est quoi un enfant HP ou EIP ou « surdoué » ?
Réponse : c’est parfois très compliqué !
Selon certains professionnels, on peut dire d’un enfant qu’il est EIP à partir de 130 de QI.
Oui mais selon deux critères; deux chapitres importants : le QI verbal et le QI non verbal.
Par ailleurs, on note souvent, chez les enfants HP, une force nettement supérieure du QI verbal.
Comment mesure-t-on le QI d'un enfant ?
Le WISC IV traite 4 domaines différents :
- L’échelle de Compréhension Verbale.
- L’échelle de Raisonnement Perceptif.
- L’index de Mémoire de Travail.
- L’identification de concepts : [raisonnement perceptif].
Plus son QI est élevé, plus il aurait du mal à trouver sa place, à s’adapter à son environnement mais cette conclusion ne doit pas être systématique même si elle est pertinente dans certains cas.
Il ne s’y identifie pas, son mode de pensée ne correspond pas à la norme et engendre des problèmes d’intégration, en particulier à l’école.
Chaque enfant EIP est unique mais présente un point commun : un QI élevé, dont les différentes performances peuvent être très dysharmoniques ou le contraire.
Ainsi a-t-on pu constater qu’un enfant HP peut présenter un QI verbal hors normes, supérieur à 125 et un QI de performances nettement inférieur à 90.
Selon Jacques Grégoire, professeur à l’Université Catholique de Louvain, spécialiste de la mesure, l'évaluation et les troubles des apprentissages : « le traitement cognitif peut être très rapide alors que le traitement moteur peut être très lent, il peut d’ailleurs être le plus faible parmi toutes les facultés de l’enfant HP. »
On peut rencontrer des troubles instrumentaux et être très intelligent.
Dès lors, l'hétérogénéité des différentes performances peuvent aisément masquer des facultés relativement élevées de certains enfants.
Dans un tel contexte, calculer une moyenne entre QI verbal et QI de performances est une ineptie et n’apporte pas grand-chose.
Par ailleurs, dans la plupart des tests de QI, certaines facultés intellectuelles ne sont pas mesurées, telles que la douance dans le domaine artistique.
Qui est l’enfant EIP ?
Il est curieux, il a soif d’apprendre, c'est un rêveur, il pose beaucoup de questions et il a énormément d’imagination.
Il est hypersensible, attentif, parfois même, il a un grand sens de l’humour, il faut dire qu’il est très habile, ses facultés intellectuelles lui permettent de jongler avec ses connaissances et ses aptitudes avec beaucoup de subtilité.
Ses centres d’intérêts ne correspondent pas à ceux des enfants de son âge, il est en décalage et il en a conscience.
Il apprécie d’avantage la présence des adultes dont le raisonnement est, par définition plus mature et plus en phase avec le sien.
Les thèmes philosophiques et mystiques l’interpellent : La vie, la mort, la religion, l’espace, les esprits …
Autant il peut se montrer adorable, attachant, courtois, poli et agréable, autant il peut aussi se montrer insolent, impoli, colérique, désagréable, têtu et de mauvaise foi.
Comme pour tous les autres enfants, il est essentiel d’observer ses points forts et ses points faibles afin qu’il puisse progresser le plus confortablement possible, qu’il puisse prendre conscience de son potentiel et le développer.
Il ne faut pas pour autant négliger le terrain plus glissant sur lequel il n’est pas à l’aise et ne pas hésiter à lui proposer des aménagements, des aides compensatoires.
L’intelligence se cultive, dès lors, il serait dommage de ne pas explorer toutes les pistes qui préservent ses acquis et lui permettent d'évoluer.
Comment expliquer l’échec scolaire des enfants et adolescents EIP ?
Ces jeunes peuvent cacher des troubles développementaux mais ils les compensent.
Dans ces cas particuliers, il n'est pas facile de diagnostiquer un haut potentiel.
L'enfant EIP et dys raisonne plus rapidement et avec discernement dans certains domaines mais il est plus lent dans d’autres.
On dit de lui qu’il présente une dyssynchronie : il est en décalage entre la pertinence de ses remarques et la maladresse dont il peut faire preuve ; c’est encore plus vrai lorsqu’il souffre de dyspraxie visuo-spatiale.
La stratégie de compensation tient un certain temps mais se complique et devient bancale au fur et à mesure que la difficulté augmente et sollicite les parties de son cerveau qui dysfonctionnent.
Il se retrouve alors en situation stressante ; il est intelligent mais il n’est pas en mesure de traiter les informations de manière pertinente et linéaire.
Haut potentiel ou pas, un enfant reste un enfant qui a besoin d’un encadrement familial, social et scolaire qui favorise un désir d’apprendre, de développer sa curiosité, de l’encourager et de le stimuler.
C’est d’autant plus vrai qu’un environnement défavorable aux différents apprentissages peut entrainer un comportement anxio-dépressif.
Il est important de comprendre que la dépression infantile constatée chez ces jeunes n’est pas un symptôme directement causé par des facultés intellectuelles élevées mais la réponse à une prise en charge inadaptée, d’une mauvaise interprétation de leurs réelles acuités cognitives, entrainant des confusions.
Diagnostiquer ces enfants prend parfois beaucoup de temps et les conséquences qui en découlent sont nombreuses et interpellantes : repli sur soi, perte de confiance en soi, phobie scolaire, échec scolaire, notes en dent des scie, colères, perte de sommeil …
Hypersensibles, ils perçoivent des signes que les autres ne perçoivent pas.
Je résume : on peut être un enfant :
- EIP et dyspraxique.
- EIP et dyslexique.
- EIP et dyscalculique.
- EIP et dysgraphique.
- EIP et dysorthographique.
- EIP et TDA/H.
- EIP, dyspraxique, dyscalculique, dysgraphique ET dysorthographique.
- EIP, TDA/H et dyspraxique …
Je ne pouvais pas clôturer cette page consacrée aux enfants HP sans penser à Alexandre Jollien dont le QI était si limité, le plus bas de l’ensemble de sa classe en institut spécialisé que les professionnels, médecins et pédagogues émettaient les plus grandes réserves concernant le choix de ses études.
Atteint d’athétose suite à sa naissance avec le cordon ombilical qui l’étranglait.
Il souffre de séquelles motrices qui le handicapent mais sa curiosité, sa soif d’apprendre et son mode de réflexion sont un véritable démenti et défient la logique selon laquelle la notion d’intelligence est étroitement liée à notre quotient intellectuel.
Licencié en lettres, ce philosophe est également l’auteur de plusieurs ouvrages reconnus et salués par le prix Mottart de l’Académie française de soutien à la création littéraire et le prix Montyon 2000 de littérature et de philosophie.
« Aujourd’hui, j’apprends à ne plus vouloir être normal, c’est un grand progrès. La liberté intérieure, c’est quand le regard d’autrui ne vous détermine pas. »
« Je suis un esclave en voie de libération. Ma prison, ce n’est pas mon corps, ce sont mes opinions ».